Dans ce papier peint, les motifs topologiques qui forment l’arrière-plan évoquent d’emblée les chemins sinueux creusés à même le roc dans les mines et carrières. L’artiste traite ici de l’exploitation des ressources naturelles du sous-sol, notamment le quartz, l’or et le lithium. Qualifié de nouvel or en raison de sa rareté et de sa désirabilité pour la fabrication d’objets de consommation courante, comme les batteries des voitures et des appareils mobiles, le lithium est tiré du sol ou de lacs salés par des processus d’extraction ou d’évaporation extrêmement polluants. Dans les pastilles qui parcourent le papier peint, des vues aériennes des installations minières rendent compte de leurs empreintes dévastatrices sur le paysage, qui laissent envisager le pire pour l’environnement et les populations locales.
En mettant en relation l’or jaune et l’or blanc, l’artiste pointe aussi vers la relation insatiable de l’être humain envers ces minéraux précieux, alors que de tout temps, des empires - coloniaux ou capitalistes - se sont bâtis sur la recherche et l’exploitation des ressources du sous-sol. Bien que nous sachions aujourd’hui que celles-ci sont limitées et s’épuisent plus rapidement que l’usage qui en est fait, rien ne semble arrêter la construction de mines toujours plus profondes. Dans les sillons que forment les motifs du papier peint, la couleur progressivement plus foncée évoque cette plongée vertigineuse dans le sol. Des bruits de machinerie, de pics et de pelles, rappellent aussi l’ambiance sonore de ces environnements parfois dangereux, où sont employées de nombreuses personnes que nous pouvons imaginer dans l’écho d’un cœur qui bat.