Dans ce papier peint, l’artiste s’intéresse au motif de l’abeille, qui a pris une place importante dans le discours sur l’écologie dans les dernières années en tant que symbole de la disparition des pollinisateurs et des conséquences qui s’en suivent sur les écosystèmes. L’abeille ici est mise en relation avec une trame alvéolée, faite de chaînes de molécules représentant les différentes formules de néonicotinoïdes, des pesticides systémiques. Jumelés aux images de pissenlits, jugés indésirables autant en graines qu’en fleurs, ces motifs amènent à l’esprit les effets doublement destructeurs des herbicides et des insecticides sur la régénération de la faune et de la flore, sans parler de la santé des populations. Dans le dégradé des couleurs, l’impression d’un brouillard près du sol rappelle l’épandage de ces produits chimiques pour optimiser les activités humaines, notamment dans l’industrie agricole.
Faisant souvent l’objet de métaphores dans l’imaginaire collectif, les abeilles représentent le travail acharné et l’organisation sociale, sorte de micro-société encore plus efficace que la nôtre. Dans les sons proposés, des bruits de drones imitent le sifflement de leurs ailes, signes d’un monde où l’on prévoit utiliser des insectes mécaniques pour la pollinisation. L’artiste y oppose le chant des grillons, une ambiance sonore tirée d’une nature que l’on peut imaginer encore intouchée par l’être humain. Sous une forme effrénée et un peu dystopique, l’interprétation la plus rapide de la pièce Flight of the Bumblebee, composée par Rimsky Korsakov au tournant du 20e siècle, induit toutefois un sentiment d’inquiétude et d’urgence justifiée.