Ce papier peint représente un enchevêtrement de branches d’épinette noire, à partir d’un motif répété, agrandit, rapetissé ou renversé pour donner l’impression d’une forêt boréale touffue, vue en relief. Les couleurs vibrantes de l’image et l’effet d’abondance que ces arbres donnent dans la pièce font penser aux vastes étendues sauvages du nord du Québec. Néanmoins, la fine ligne qui morcèle le papier peint créé une géométrie qui évoque plutôt un rapport utilitaire à la forêt en tant que ressource à exploiter. Ici comme ailleurs, elles sont en effet menacées par les activités de l’industrie forestière et par les évènements météorologiques extrêmes comme les feux de brousse, qui nous privent des effets bénéfiques des végétaux sur la régulation du climat. Car en plus d’emprisonner le carbone, les arbres contribuent au cycle de l’eau et à l’augmentation du couvert nuageux, qui aide au refroidissement terrestre, en plus de la protection de la biodiversité.
En accédant aux sons par les marqueurs ronds dans l’image, il est justement possible d’entendre les chants d’espèces d’oiseaux de la forêt boréale, comme la pygargue à tête blanche, le pic à dos noir et le mésangeai du Canada, menacés autant par l’exploitation commerciale des forêts que par les changements climatiques qui, selon les chercheurs, modifieront significativement leur environnement dans un futur rapproché. Une citation inspirée d’un entrepreneur en construction met également en lumière notre instrumentalisation de la nature, alors que nous banalisons, et parfois, romanticisons, le fait de planter des arbres en tant qu’antidote aux effets des changements climatiques, sans bien considérer qu’il est plus efficace de conserver que de tenter de reconstruire la nature.